[Diplôme de docteur en médecine de Gilbert Rémi Lemayre de Moulins] (manuscrit Ms 2508)
1689
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| Jacqueline Vons |
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Université François-Rabelais de Tours
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| jacqueline.vons@univ-tours.fr |
| 13/11/2014 |
Diplôme de Gilbert Rémi Lemayre de Moulins : traduction
A tous ceux qui verront et entendront les présentes lettres,
Nous, Michel Chicoyneau, Conseiller et Médecin du roi, Professeur royal d’anatomie et de botanique, Chancelier et Juge de l’université de médecine de Montpellier, Salut dans le Seigneur qui est le véritable salut de toute chose. En suivant l’exemple de nos ancêtres et en voulant respecter en tout leurs excellentes institutions qui nous ont été pour ainsi dire transmises de main en main jusqu’à aujourd’hui, nous considérons généralement comme juste que les mêmes marques de respect distinguent les hommes honorés par la probité de leur vie et de leur conduite et réputés pour leurs connaissances étendues et diversifiées. En effet, tandis que les hommes intègres et érudits obtiennent les récompenses de leurs mérites, les autres s’efforcent de s’appliquer à la vertu, et brûlent davantage du désir de parvenir aux mêmes degrés d’honneur.
Pour toutes ces raisons, voulons par cette série de lettres présentes qu’il soit connu et confirmé que notre cher maître Gilbert Rémi Lemayre de Moulins, depuis longtemps déjà licencié en médecine, a obtenu, avec le consentement de l’université tout entière, le degré suprême dans cette discipline, grâce à sa conduite intègre, à son érudition diversifiée et étendue, et à sa réputation digne de louange.
Il nous a donné des preuves très grandes et très certaines de son extraordinaire érudition tant dans les examens publics qui sont dits par intention - dans lesquels il a répondu à chaque docteur de l’Académie, de manière docte et érudite, en public, dans une grande assemblée d’auditeurs, au sujet des préceptes les plus obscurs de l’art médical – qu’en soutenant ce sévère examen que nous appelons dans les écoles le point rigoureux ; dans tous ces examens, il a montré un exemple extraordinaire de son érudition : aussi bien dans sa lecture que dans ses explications des théories des anciens, il a donné un témoignage très sûr d’une érudition profonde et étendue, et rien ne manquait en elle qui ne semblât relever d’une parfaite connaissance de la médecine.
Poussés par ces raisonnements et en vertu de l’équité même du droit et des statuts de l’université sus-dite, tous nos confrères médecins, après avoir vérifié sa doctrine par de nombreux examens, approuvèrent aussi notre confirmation sincère et diligente en cette partie, et, avec l’accord unanime de tous, sans aucune opposition, il fut approuvé capable et, comme ses mérites le réclamaient, il obtint dans cette illustre université de la faculté de médecine, le grade de licencié optimo iure le 9 mars 1689.
Par conséquent le Révérend Estienne de Largier, vicaire général de Charles de Pradel, évêque de Montpellier, avec l’accord unanime des très illustres docteurs et licenciés, après qu’il l’eut recommandé de manière remarquable et diligente, conféra au même maître Gilbert Rémi Lemayre de Moulins le grade de licencié sous la forme suivante : En vertu de l’autorité que j’exerce dans cette partie, je te donne licence de recevoir les insignes doctoraux quand les révérends maîtres professeurs royaux le jugeront bon. Quand tu les auras reçus, je te donne licence de faire des leçons, d’examiner, de corriger, d’expliquer, de pratiquer et d’exercer tous les actes magistraux ici et sur l’ensemble des terres, pour la louange de Dieu tout puissant . Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen. »
Et en même temps qu’il était pourvu du grade de licencié, afin que l’accès aux honneurs du doctorat lui soit promptement ouvert, il se se porta chez nous sus-nommé Michel Chicoyneau, Chancelier, chez Aimé Durant doyen, chez les conseillers, les médecins et professeurs royaux, demanda et reçut les points de la dispute, et quelques jours plus tard, dans les écoles royales, devant l’université, en public, il disputa abondamment contre tous sur les aphorismes de médecine qui lui avaient été proposés, et pendant trois jours entiers, du 17 mars au 19 mars 1689, il répondit avec une grande contention d’esprit, de façon si érudite qu’il n’ y eut personne qui ne reconnût son érudition dans cette dispute ; cette explication fit qu’il fut considéré comme capable de recevoir les honneurs du doctorat quand il le voudrait ; ainsi, après s’être acquitté des disputes triduanes le 19 du même mois, dans la cour des écoles, le dit licencié, maître Gilbert Rémi Lemayre nous demanda que lui soient conférés les insignes doctoraux, et qu’on lui assigne le jour, l’heure et le nom du docteur chargé de conférer le grade de doctorat ; avec l’accord des très illustres docteurs, nous avons accepté ses demandes, nous y avons acquiescé et lui avons fixé le jour, l’heure et le nom du docteur chargé de conférer le grade de doctorat . C’est ainsi que le 2 avril se sont rassemblés au son de la cloche tous les professeurs de médecine, les docteurs, les licenciés, les conseillers, les bacheliers et les étudiants de la dite université, en donnant de l’éclat à cet acte. Dans un ordre déterminé, la procession se mit en route à 9h du matin, depuis la maison du dit licencié vers la cour d’honneur du Collège royal, où il reçut les insignes doctoraux des mains du très illustre seigneur Jean Chastelain, conseiller, médecin et professeur du roi : il lui conféra le bonnet carré orné d’une floche de soie rouge, lui ceignit les reins d’une ceinture dorée, lui donna sa chaire doctorale, livre fermé et ouvert, et en lui mettant un anneau d’or au doigt, il le fiança à la médecine, en lui donnant le baiser de paix et sa bénédiction paternelle. Comme ses mérites le réclamaient, il a donc obtenu les honneurs du doctorat susdit, et il le conserve parmi nous ici et sur l’ensemble des terres, et cela conformément aux privilèges et aux statuts déjà cités de vicaire général qu’il reçut le même jour et à la même heure du mois et de l’année susdits, lorsque le révérend et très illustre Jean Chastelain lui conféra le grade de docteur.
C’est pourquoi, nous, Michel Chicoyneau, Conseiller et Médecin du roi, Professeur royal d’anatomie et de botanique de l’université des médecins de Montpellier, Chancelier et Juge, qui avons toujours été présent à tous les actes, et qui avons vu et approuvé chacun d’eux, comme il a été dit, disons, déclarons, approuvons et confirmons le même Gilbert Rémi Lemayre en tant que docteur. En témoignage et en gage de quoi, nous avons signé ces lettres de notre paraphe et nous avons ordonné au secrétaire de la dite université de signer, en apposant le nouveau sceau rond de notre illustre université.
Donné à Montpellier, l’année du Seigneur 1689, le 2 avril.
Chicoyneau Chancelier et Juge,
Par mandat du Seigneur Chancelier, le secrétaire
Diplôme de Gilbert Rémi Lemayre de Moulins : transcription
Vniuersiset singulis
Præsenteslitteras uisuris et audituris,
NosMichaël Chicoyneau Regis Consiliarius et Medicus nec non AlmæMonspeliensis Medicorum universitatis Professor Regius AnatomicusBotanicus, Cancellarius et Judex, salutem in Domino qui est omniumuera salus.
MajorumNostrorum uestigiis inhærentes eorumque laudabilia institutanobis ueluti per manus ad hoc usque tempus tradita, sequi per omniauolentes dignum fere duximus
<utquos uitæ morumque probitas honestat, et multarum uariarumquererum cognitio commendat, eos honores extollant atque exornent. Namdum1>
probi uiriet eruditi meritorum prœmia consequuntur, cœteri aduirtutis studia, ut eosdem honoris gradus adipiscantur, ardentiusperuenire nituntur. His de causis omnibus notum esse uolumus hacpræsentium litterarum serie confirmatum dilectum nostrummagistrum GILBERTVM REMIGIUM LEMAYRE MOLINENSEM, iamdudum MedicinæLicentiatum ob morum integritatem uariamque ac multiplicemeruditionem famamque laudabilem totius Vniuersitatis consensu honorisfastigia in eo disciplinæ genere fuisse consequutum.
Is maximaet certissima eruditionis eximiæ testimonia nobis præbuittum in publicis examinibus quæ per intentionem dicuntur, inquibus singulis Academiæ Doctoribus publice magno auditorumconcursu de obscurissimis Artis Medicæ placitis docteeruditeque respondit, tum etiam in seuero illo examine quod rigorosumappellamus in scholis sustinendo ; in his omnibus tameximium eruditionis suæ specimen præbuit ut et legendo etueterum dogmata interpretando multiplicis reconditæque in ArteMedica eruditionis certisssimum testimonium reliquerit, nihilque ineo fuerit desideratum quod ad perfectam Medicinæ cognitionempertinere uideretur. His rationibus et ipsa Iuris et statutorumprædictæ universitatis æquitate moti, reliquidoctores fratres nostri postquam illius doctrinam multis examinibusprobarunt, post nostram etiam in hac parte sedulam ac diligentemprobationem, communi omnium consensu, nullo prorsus repugnante, anobis idoneus fuit approbatus et suis exigentibus meritis in hacpræclara medicæ facultatis universitate gradum licentiæiure optimo, die nona mensis Marti anni millesimi sexcentesimioctuagesimi noni obtinuit.
Reuerendusigitur uir Stephanus de Largier Vicarius generalis R.R.D.D. Caroli dePradel Episcopi Monspeliensis de consensu omnium clarissimorumdoctorum ac licentiatorum, post eximiam inditamque ipsiuscommendationem eidem magistro GILBERTO REMIGIO LEMAYRE
Licentiægradum concessit in forma quæ sequitur : Egoauthoritate qua fungor in hac parte do tibi licentiam accipiendiinsignia doctoralia quando R.R.D.D. professoribus regiis uidebitur ; quibus acceptis do tibi licentiam legendi,examinandi, corrigendi, glossandi, practicandi cæterosque omnesactus magistrales exercendi hic et ubique terrarum. Ad laudem Deiomnipotentis Patris et Filii et Spiritus Sancti Amen.
Atque itacum licentiæ gradu esset insignitus ut ad doctoratus laureampromptus et apertus et pateret aditus ad Nos prædictumMichaëlem Chicoyneau Cancellarium, D.D. Amatum Duranc Decanum,Consiliarios Medicos et Professores regios se contulit, a quibusdisputationis puncta petiit et accepit, paucisque diebus transactisin scholis regiis dictæ uniuersitatis palam propositis sibiuariis medicinæ theorematis aduersos illa disputandi copiamomnibus fecit et per triduum integrum incipiendo a die decima septimaad diem usque decimam nonam mensis Marti anni millesimi sexentsimioctuagesimi noni magna ingenii contentione tam erudite respondit utnullus illius eruditionem in hac disputatione non confirmarit ;qua ratione factum est ut idoneus sit habitus qui doctoratus laureacum uellet insigneretur atque ita triduana disputatione functus diedecima nona eiusdem mensis in aula scholarum di<c>tuslicentiatus magister GILBERTVS REMIGIVS LEMAYRE a nobis requisiuitinsignia doctoralia sibi concedi, diem, horam et doctorem laureantemsibi assignari ; cuius requisitionibus de assensu clarissimorumdoctorum annuimus et acquieuimus eique diem horam et doctoremlaureantem concessimus.
Itaque diesecunda mensis aprilis congregatis ad pulsum campanæ omnibusmedicinæ professoribus, doctoribus, licentiatis, consiliariis,baccalaureis et studiosis prædictæ uniuersitatis actumeiusdem decorantibus, certo ordine a domo domini licentiati ad aulammagnam regii Collegii hora nona matutina processum est, ubi recepitinsignia doctoralia per manus illustrissimi uiri Domini IoannisChastelain Consiliarii Medici et Professoris Regii : byrretumquadratum flosculo serico rubro ornatum concedendo, lumbosque eiusaurea zona cingendo, cathedra doctorali donando, libro clauso etaperto, manusque illius muniendo annulo aureo medicinam desponsandocum osculo pacis et benedictione paterna ; quapropter suisexigentibus meritis prædicti doctoratus honorem obtinuit etobtinet inter Nos hic et ubique terrarum idque iuxta præfatauicarii generalis priuilegia et statuta quæ accepit eadem dieet hora diti mensis et anni laureante patre illustrissimo uiro DominoIoanne Chastelain.
Nos igiturMichaël Chicoyneau regis Consiliarius et Medicus nec non AlmæMonspeliensis Medicorum Viniuersitatis Professor regius AnatomicusBotanicus, Cancellarius et Iudex, qui omnibus actibus semper adfuimuseaque et singula dum hic, ut dictum est, fierent, uidimus etapprobauimus eumdem Dominem GILBERTVM REMIGIVM LEMAYRE Doctoremdicimus, declaramus, approbamus et asserimus. In quorum omnium fidemet testimonium has litteras chirographo nostro obsignauimus etprædictæ uniuersitatis secretarium obsignari jussimus,appenso sigillo nouo nostro rotundo memoratæ uniuersitatis.
DatumMonspeli Anno Domini millesimo sexcentesimo octuagesimo nono diesecunda mensis Aprilis .
ChicoyneauCancellarius et Iudex
de mandatoD.D.Cancellari : Duranc
Transcription et traduction : Jacqueline Vons
[1] Texte rétabli d’après R.des Genettes, Souvenirs de lafin du XVIIIe et du début du XIXe siècle,t. II, Paris, Didot, 1836, p. 43.http://archive.org/details/souvenirsdelafin01desg