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A propos
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Réalisé par le médecin et naturaliste Efisio Marini, cette table singulière, offerte à Napoléon III, est constituée de tissus humains pétrifiés : cervelle, sang, bile, foie, poumons et glandes, sur lesquels reposent également un pied de jeune femme, quatre oreilles et des vertèbres sectionnées, eux aussi pétrifiés.
Né en Sardaigne, Efisio Marini étudie la médecine et l’histoire naturelle à Pise. Dès 1860, il devient assistant au Musée d’histoire naturelle de Cagliari, où il mène des expériences à l’École d’anatomie de l’Université. Passionné de photographie et de paléontologie, il cherche à appliquer les principes de la fossilisation au corps humain. Ses recherches aboutissent à trois procédés de conservation : la préservation « à l’état coriace transitoire », la pétrification et la conservation permanente à l’état frais. Sa notoriété grandit après deux expériences marquantes : la pétrification, en 1866, du corps de l’historien Pietro Martini, et celle du sang de Garibaldi dont il fait un médaillon.
En 1867, à l’occasion de l’Exposition universelle de Paris, Efisio Marini présente ses travaux en France. Une démonstration spectaculaire sur un pied de momie attire l’attention de Napoléon III et confie au chirurgien Auguste Nélaton le soin d’étudier ses procédés. Séduit, l’empereur reçoit en don ce guéridon anatomique, aussitôt déposé au musée Orfila de l’ancienne Faculté de médecine de Paris. Efisio Marini refuse toutefois de livrer son secret, malgré une importante somme proposée par l’empereur, invoquant des raisons patriotiques.
De retour en Italie, incompris à Cagliari, il s’installe à Naples. Il n’obtient jamais de poste universitaire, en grande partie à cause du mystère entretenu autour de ses méthodes. À sa mort, en 1900, il laisse plusieurs pièces de son œuvre, aujourd’hui conservées au Musée anatomique de Naples, parmi lesquelles un guéridon semblable à celui du Musée d’Histoire de la Médecine.