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A propos
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Ce rouleau est l'un des premiers stéthoscopes inventés par René-Théophile-Hyacinthe Laennec (1781-1826), en 1816. Laennec explique son invention en relatant sa visite chez une patiente atteinte de troubles cardiaques. L'embonpoint de la jeune femme empêche le médecin de pratiquer l'examen par percussion digitale, et Laennec ne veut pas directement poser son oreille sur la poitrine de la patiente. Il essaie donc de rouler un cahier de papier, et de poser l'extrémité du rouleau sur la région précordiale. Laennec entend les battements avec une telle netteté qu'il décide de généraliser l'usage de ce tube pour le diagnostic des maladies thoraciques.
Granville, stagiaire à l'hôpital Necker, explique que Laennec se serait rappelé les facultés acoustiques du tube en observant des enfants jouer. Plus récemment, Hélène Mendes a rappelé la culture musicale du médecin, ainsi que sa pratique de la flûte.
Cet instrument appartient à la première génération des stéthoscopes : composé d'un rouleau de papier roulé, il est nommé "pectoriloque" par Laennec. Celui-ci décrit son tout premier exemplaire comme "un rouleau de papier de seize lignes de diamètre et d'un pied de longueur, formé de trois cahiers de papier battu, fortement serré, maintenu par du papier collé, et aplani à la lime aux deux extrémités". Les dimensions de l'objet (environ 33 cm de long et 3,4 cm de diamètre) et ses caractéristiques techniques correspondent parfaitement à cet exemplaire.
Les prototypes en papier de Laennec sont progressivement perfectionnés : dès 1819, ils sont remplacés par des modèle à vis puis, en 1826, par des modèles à tenon emboîté. La version biauriculaire, toujours produite par Littmann, n'apparaît qu'en 1852. L'usage de l'appareil de Laennec est facilité par le "Traité de l'auscultation médiate et des maladies des poumons et du cœur", publié par le médecin en 1819. Celui-ci y décrit les différents bruits audibles grâce à l'appareil et les diagnostics qui leur sont liés. Laennec a également répandu l'usage du stéthoscope lors de ses années d'enseignement à l'hôpital Necker, attirant de nombreux médecins et étudiants.
"Il suffit de dire ci que, dans tous les cas, le cylindre doit être tenu comme une plume à écrire et qu'il faut placer la main près de la poitrine, afin de pouvoir s'assurer que l'instrument est bien appliqué. L'extrémité du cylindre destinée à être appliquée sur la poitrine du malade, c'est-à-dire, celle qui est formée par l'embout ou obturateur, doit être légèrement concave ; elle en est moins sujette à vaciller, et cette cavité, que la peau remplit très facilement, ne forme jamais de vide." (Laennec, "Traité de l'auscultation médiate et des maladies des poumons et du cœur", 1819)